Libérés des glaces ! Bilan hivernage

5 avril 2016

Bilan de l’hivernage… que d’émotions !

130 jours et 106 œufs plus tard… aventure magique ou atroce ? Les deux à la fois, sans aucun doute !

Le 24 novembre dernier, nous quittions le petit village de Saqqaq pour faire route vers notre rêve de toujours : se faire enfermer par les glaces de l'Arctique avec notre voilier Yvinec !

Il est 18 heures, il fait nuit (le soleil a déjà disparu depuis quelques jours et ne se relèvera que dans deux mois), c'est l'heure, je suis surexcité à l'idée de partir... Enfin ! Je monte sur le quai pour enlever les amarres à l'aide d'une pince et d'un tournevis tellement elles sont gelées...

C'est parti, me voilà à la barre, Monique au chaud à l'intérieur et le village qui s'éloigne, un dernier coup d'œil à la civilisation et une question me vient en tête : quand allons-nous revenir et surtout comment, dans quel état ?

Mais je chasse cette pensée, je dois rester concentré pour sillonner entre les immenses icebergs qui peuvent se transformer en pièges si on ne fait pas attention. Les seuls bruits sont d'ailleurs les hurlements des morceaux de glace qui tombent des icebergs dans l'eau.... Il ne s'agirait pas d'en prendre un sur la tête... 

La mer est lisse, je suis guidé par la lune et les milliers d'étoiles, une aurore boréale danse dans le ciel. Qui aurait pu rêver d'un plus beau départ ? Nous ne sommes pas seuls, la nature est avec nous, je la sens jusque dans mon corps. Je suis heureux, je me sens en sécurité dans ce monde irréel, c'est surréaliste, tellement magique!

3 h du matin, nous voilà dans notre nouvel univers, je me filme dans le bateau en essayant de ne pas parler trop fort pour ne pas réveiller Monique et je dis : « aujourd'hui nous sommes le 25 novembre et je crois bien que c'est le plus beau jour de ma vie, une expérience unique va débuter que j'attendais depuis de nombreuses années ».

Le lendemain, je vois un bateau de pêche au loin, c'est mon copain Uno. Déjà de la visite ! Je suis trop content et me précipite pour l'aider à attacher son bateau au mien. Il essaye de me parler, je ne comprends pas, il me montre alors son portable et là, j'apprends par un message de ma sœur que mon père vient de mourir. Impossible, je ne peux pas y croire. Uno me prend dans ses bras, j'essaye de changer de conversation et quelques minutes plus tard le voilà reparti. La météo commence à se dégrader sérieusement. 

De retour dans mon bateau, je commence seulement à comprendre ce qui vient de se passer, je suis sous le choc, dégoûté, je fonds en larmes : mais non pas mon père ! Impossible, lui cette force de la nature, mon exemple et celui de tellement d'autres…

Vu l'endroit reculé où je me trouve, il est pour moi littéralement impossible de me rendre à l'enterrement, je serais, au mieux arrivé trois jours trop tard…

Me voilà tout seul avec Monique, loin de ma famille, dans ce moment si terrible. Je m'en veux, je me pose beaucoup de questions mais je sais que mon père aurait été fier que j'aille au bout de mon projet, il me faut trouver cette force en moi. Je dois rester positif sinon je vais devenir fou…

J'étais loin des nôtres Papa ce jour là dans l'église de Plougrescant mais en vrai j'étais le plus proche de toi du haut de mon sommet sur la plus haute montagne de la baie, je t'ai vu monter au ciel, toi qui a toujours eu la foi. Maintenant je ne me sens plus seul, tu es avec nous…

Le mois de décembre a été très dur aussi à cause du mauvais temps ; la mer, pourtant à -1°c, arrivait difficilement à geler du fait du vent et des vagues permanentes... 

En revanche, le bateau, lui, était recouvert d'une couche épaisse de glace que je devais casser tous les jours avec une batte de baseball voire dans certains cas une masse. Les icebergs venaient à tour de rôle cogner le bateau, les plus petits continuaient le chemin pour aller s'échouer sur la côte et les plus gros venaient toucher le fond au niveau d'Yvinec : et BOUM et BOUM… Il fallait vite réagir avant que la coque ne soit traversée ...il faisait -30°c, le vent était de 30 à 40 nœuds en permanence, il faisait évidemment nuit et la neige décollait des sommets dans tous les sens, je n’avais aucune visibilité. Et pourtant, il me faut changer de mouillage plusieurs fois par jour pour éviter de me faire entraîner par les icebergs. Je dois à chaque fois relever les 60 m de chaîne et les 2 ancres à bout de bras, dans une mer démontée et gelée, parfois ça pouvait me prendre plus d'une heure et je devais me surpasser pour trouver cette force !

Je devais courir à la barre pour m’écarter le plus rapidement possible de la côte où le vent me poussait. N’ayant pas de GPS cartographié je me dirigeais à l’aide du sondeur et de mon bon sens. Parfois après avoir passé un temps dingue à trouver un nouvel emplacement, je constatais, dégouté, qu’un nouvel iceberg pointait son nez devant l’étrave d’Yvinec. 

Ce jeu dangereux a duré jusqu’à Noël et là miracle, le vent s’arrête, la mer commence à geler aussitôt.

A ce moment là, je suis surexcité à l’idée de commencer enfin l’hivernage, prisonnier des glaces.

Joie éphémère… 3 jours plus tard le vent est de retour et la banquise se fait pousser contre la côte. Yvinec, qui était piégé au milieu de ces tonnes de glaces, se rapproche de la côte dangereusement. Ce que je craignais le plus va arriver, je vais bientôt m’échouer. C’est sûr, je perds mon bateau, je dois donc réagir, enfiler ma combinaison de survie, prendre des affaires d’urgence dans mon sac étanche (sac de couchage, tente, nourriture pour Monique et moi, réchaud, etc.). J’attends la voie d’eau qui va arriver à coup sûr avant de quitter mon bateau. Et là, miracle le vent tourne, la glace s’en va, Yvinec flotte et se retrouve dans l’eau libre…

Le 31 décembre, rebelote sauf que cette fois c’est encore plus grave, le bateau est carrément couché, il se fait projeter contre la glace au gré des vagues. Mais une fois de plus, miracle, le vent tourne et le bateau se remet à flotter… Une nouvelle année commence et mon bateau est toujours là. 

Je m’éloigne de nouveau de la côte, la banquise se reforme immédiatement. Cette fois, c’est la bonne ! L’aventure que j’imaginais commence, Monique et moi pouvons enfin marcher sur l’eau comme je lui avais promis. On prend nos repères, on profite de la banquise environnante pour étaler notre matériel.

Le bonheur des uns fait le malheur des autres, la température remonte, Monique est folle de joie de passer plus de temps dehors, mais la neige commence à fondre sur la banquise qui se fragilise.

Le vent monte de plus en plus fort, Yvinec commence à se balancer dans son moule de glace. Quelques heures plus tard, la banquise (d’au moins 20 cm d’épaisseur) éclate de partout et se transforme en puzzle géant. 

Yvinec, une nouvelle fois est pris au piège mais cette fois à plusieurs centaines de mètres de la terre. Les milliers de morceaux de banquise, poussés par la houle, exercent une pression folle sur la coque d’Yvinec qui se déforme à vue d’oeil de l’intérieur. C’est surréaliste ! 

Maintenant c’est bon, c’est la fin, je m’attends à voir un geyser d’eau gelée surgir à tout instant de la coque, la seule interrogation qui reste est : par où viendra-t-il ? Je dois anticiper puisque le bateau est perdu, c’en est fini pour Yvinec qui se sera bien battu. 

Il ne me reste plus qu’à préparer notre survie à terre, je fais le tour de tout ce que je peux démonter sur le bateau pour nous faire un abri. Le problème, c’est qu’une fois que le bateau va sombrer on va devoir rejoindre la côte en sautant d’un bout de banquise à l’autre sans tomber… Il ne faut pas se louper, une chute entre deux morceaux nous serait fatal. 

En plus, le chauffage s’est arrêté, la température à l’intérieur est descendue à -4°c… Tout commence à geler dans le bateau. 

A ce moment là, je me demandais vraiment ce que je faisais là, le Groenland devait être une étape et ça sera la fin de l’aventure ! Avant de partir, je savais que ça allait être dur mais jamais une seconde je n’avais pu imaginer une telle horreur ! 

Je me forçais à rester positif malgré tout, je n’avais pas le choix, il le fallait ! On allait perdre le bateau mais on était en vie et on allait le rester, ça c’était sûr. Malgré cette situation qui paraissait désespérée, jamais une seule seconde j’ai pensé qu’on allait y passer.

Le lendemain, notre bonne étoile est venue nous sauver. Le vent s’est calmé, il a tourné et la banquise s’est éloignée vers le large. Puis elle s’est réinstallée autour du bateau et cette fois elle a tenu jusqu’à la semaine dernière. Malgré le mauvais temps qui a persisté presque tout l’hiver, nous avons vraiment pu, à partir de ce moment là, profiter de notre environnement. 

Comme la pêche est une de mes grandes passions, je m’y suis mis avec tout mon enthousiasme malgré le froid permanent et paralysant. Je me suis d’ailleurs fait un système que je croyais ingénieux mais qui s’est révélé inefficace pour pêcher : après avoir creusé un trou dans la glace juste à l’arrière du bateau, la ligne était renvoyée à l’aide de poulies jusqu’à ma cabine à l’avant. Au chaud, sous ma couette, la ligne à la main, je rêvais d’attraper un poisson… en admirant les aurores boréales par le hublot.

Mais, même lorsque j’utilisais un système plus conventionnel, la pêche est restée vaine. Le seul poisson qui a bien voulu se faire prendre dans une de mes lignes, après des dizaines d’heures de pêche, ressemblait au poisson-pierre que j’avais connu en Australie et qui était mortel… Je m’en suis donc servi d’appât mais les poissons eux-mêmes n’en ont pas voulu.

Pour finir, voilà la seule pêche que j’ai à mon palmarès : deux oursins qui se sont fixés à ma ligne par erreur… Je peux vous dire qu’avec Monique on les a dégustés accompagnés de ses bons oeufs brouillés… Le bonheur total tient à peu de choses…

En parlant de Monique, heureusement qu’elle était là pour me nourrir puisque je n’avais apporté pour toute nourriture que 36 kg de riz. Elle m’a pondu 106 oeufs avec amour. Si ça m’a permis de faire le plein de protéines, il faut quand même dire que j’ai perdu 12 kg cet hiver… 

Pour en revenir à Monique, sa présence a été hyper importante pour moi, elle me faisait oublier les moments durs par ses nombreuses bêtises. Elle me faisait aussi quelques frayeurs quand elle se collait au chauffage et que ça commençait à sentir le poulet grillé… Après tout, j’avais bien mérité un bon repas :-)

Sans blague, c’est vraiment pendant cet hivernage que j’ai réalisé à quel point j’aime ma poule !

Moi qui pensais me nourrir de chasse et de pêche, la pêche n’a pas fonctionné et la chasse non plus. Je n’ai jamais pu me résoudre à tuer un animal et pourtant l’occasion s’est présentée plusieurs fois. Mais dès qu’il me regardait, je ne pouvais plus tirer… 

Sinon, j’ai profité de chaque éclaircie pour escalader des sommets et en redescendre à ski jusqu’au bateau, faire du kite surf et de la planche à voile (sans aileron évidemment) sur la banquise, du foot mais Monique préférait rester dans les tribunes plutôt que de taper dans le ballon… J’ai aussi travaillé mon équilibre sur la slackline quand Monique n’était pas perchée dessus. J’ai surtout passé des dizaines d'heures à admirer les couchers de soleil infinis et les aurores boréales qui s’animaient de façon irréelle et tellement joyeuse !

Bref, j’étais heureux, en paix avec la nature, loin des hommes et de leurs problèmes, sans aucune contrainte sauf celles imposées par les éléments. C’est peut-être un peu tôt pour le dire mais je crois que cette expérience m’a profondément transformé. J’ai pu prendre du recul sur énormément de choses et aussi réfléchir à la suite de l’aventure. Je vous promets de continuer à vous faire voyager avec nous encore longtemps ! 


Wintering debriefing

130 days and 106 eggs later… magical or awful adventure? Both at the same time, without a doubt! 

On November 24th, we left the small village of Saqqaq to set off for our lifelong dream: to be locked up in the Arctic ice with our Yvinec sailboat! It is 6 pm, it is dark (the sun has already disappeared for a few days and will only rise in two months), it is time, I am excited to leave ... Finally! I go up on the dock to remove the moorings using pliers and a screwdriver so they are frozen ... Here we go, here I am at the helm, Monique warm inside and the village moving away, a last glance at civilization and a question comes to my mind: when are we going to come back and above all how, in what state? But I'm chasing this thought, I have to stay focused to roam between the immense icebergs which can turn into traps if we are not careful. The only noises are also the howling of pieces of ice falling from icebergs into the water .... It would not be a question of taking one on the head ... The sea is smooth, I am guided by the moon and the thousands of stars, an aurora borealis dancing in the sky. Who could have dreamed of a better start? We are not alone, nature is with us, I feel it even in my body. I'm happy, I feel safe in this unreal world, it's surreal, so magical! 3 a.m., here we are in our new universe, I film myself in the boat trying not to speak too loudly so as not to wake Monique up and I say: "Today is November 25 and I think it is 'is the happiest day of my life, a unique experience will begin that I have been waiting for many years’.

The next day, I see a fishing boat in the distance, it's my friend Uno. him ? so far from Saqqaq as the winter settles. I'm too happy and rush to help him tie his boat to mine. He tries to speak to me, I don't understand, he then shows me his cell phone and there, I learn from a message from my sister that my father has just died.

Impossible, I can't believe it. Uno takes me in his arms, I try to change the conversation and a few minutes later he is off. The weather is starting to get seriously worse.

Back in my boat, I'm just beginning to understand what just happened, I'm in shock, disgusted, I burst into tears: but not my father! Impossible, him, this force of nature, my example and that of so many others… Given the remote location where I am, it is literally impossible for me to go to the funeral, I would have arrived at best three days too late… Here I am all alone with Monique, far from my family, in this terrible moment. I blame myself, I ask myself a lot of questions but I know that my father would have been proud if I had completed my project, I must find this strength in me. I have to stay positive otherwise I will go crazy ... I was far from ours Dad that day in the church of Plougrescant but in truth I was the closest to you from the top of my summit on the highest mountain in the bay, I saw you go up to the sky, you who always had faith. Now I don't feel alone anymore, you're with us ... 

December was also very hard due to bad weather; the sea, however at -1 ° celcius, was difficult to freeze due to the wind and permanent waves …

However, the boat was covered with a thick layer of ice that I had to break every day with a baseball bat or in some cases a mass. The icebergs came in turn to knock the boat, the smallest continued on the way to go and run aground on the coast and the largest came to bottom at Yvinec: and BOOM and BOOM… We had to react quickly before the hull was damaged and perforated ... it was -30 ° celcius, the wind was 30 to 40 knots constantly, it was obviously dark and the snow was taking off from all over the place, I had no visibility. And yet, I have to change anchorage several times a day to avoid being dragged by the icebergs. Each time I have to raise the 60 m of chain and the 2 anchors at arm's length, in a frozen sea, sometimes it could take me more than an hour and I had to outdo myself to find this strength! I had to run to the helm to get away from the coast where the wind was pushing me as quickly as possible. Having no charted GPS, I was using the sounder and my common sense. Sometimes after spending some crazy time finding a new location, I noticed, disgusted, that a new iceberg was pointing its nose at the bow of Yvinec. This dangerous game lasted until Christmas and there miracle, the wind stops, the sea begins to freeze immediately. At that time, I’m excited to finally start wintering, prisoner of ice.

It didn’t last long ... 3 days later the wind is back and the pack ice is growing against the coast. Yvinec, trapped in the midst of these tons of ice, is approaching the coast dangerously. What I feared most will happen, I will soon fail. Sure, I lose my boat, so I have to react, put on my survival suit, take emergency things in my waterproof bag (sleeping bag, tent, food for Monique and I, stove, etc.). I’m waiting for the water leak to come for sure before leaving my boat. And there, miraculously the wind turns, the ice goes away, Yvinec floats and ends up in the open water ...

December 31st, once again. Except that this time it is even more serious, the boat is downright lying, it is thrown against the ice according to the waves. But once again, miracle, the wind turns and the boat starts to float again ... A new year begins and my boat is still there.

I’m moving away from the coast again, the ice floe forms immediately. This time, it's the right one! The adventure I imagined begins, Monique and I can finally walk on the water as I had promised. We take our bearings, we take advantage of the surrounding ice to spread our equipment.

The happiness of some makes the misfortune of others, the temperature rises, Monique is overjoyed to spend more time outside, but the snow begins to melt on the pack ice is weakening.

The wind is getting stronger and stronger, Yvinec begins to swing in its ice mold. A few hours later, the ice floe (at least 20 cm thick) bursts everywhere and turns into a giant puzzle.

Yvinec, once again is trapped but this time several hundred meters from the ground. The thousands of pieces of ice floes, pushed by the swell, exert mad pressure on the hull which deforms visibly from the inside. It’s surreal!

Now it’s good, it’s the end, I expect to see a geyser of frozen water popping out of the hull at all times, the only question that remains is: where will it come from? I have to anticipate since the boat is lost, it's over for Yvinec who will have fought well.

It only remains for me to prepare our survival on land, I go around everything that I can dismantle on the boat to make us a shelter. The problem is that once the boat sinks we will have to reach the coast by jumping from one end of the pack ice to the other without falling… We must not miss it, a fall between two pieces would be fatal.

In addition, the heating stopped, the temperature inside dropped to -4 ° C ... Everything started to freeze in the boat.

At that time, I was really wondering what I was doing there, Greenland must be a stage and it will be the end of the adventure! Before leaving, I knew it was going to be hard, but never for a second had I imagined such horror!

I forced myself to stay positive despite everything, I had no choice, I had to! We were going to lose the boat but we were alive and we were going to stay that way, that was for sure. Despite this seemingly hopeless situation, never for a second did I think we were going to get through it.

The next day, our lucky star came to save us. The wind died down, it turned and the ice fled offshore. Then the floe formed back around the boat and this time lasted until last week. Despite the bad weather that persisted for most of the winter, we were really able to take advantage of our surroundings from that point on.

Since fishing is one of my great passions, I got into it with all my enthusiasm despite the permanent and paralyzing cold. I also made a system that I thought ingenious but which proved ineffective for fishing: after digging a hole in the ice just behind the boat, the line was returned using pulleys up to my forward cabin. Warm, under my duvet, line in hand, I dreamed of catching a fish ... while admiring the aurora borealis through the porthole.

But even when I used a more conventional system, the fishing was in vain. The only fish that wanted to get caught in one of my lines, after dozens of hours of fishing, looked like the stonefish that I had known in Australia and which was deadly ... So I used it bait but the fish themselves did not want it.

Finally, this is the only catch I have on my list: two sea urchins who stuck to my line by mistake… I can tell you that with Monique we tasted them accompanied by her good scrambled eggs… Total happiness holds to few things…

Speaking of Monique, luckily she was there to feed me since I only brought 36 kg of rice for all food. She laid 106 eggs with love. If it allowed me to fill up on protein, I must say that I lost 12 kg this winter …

To come back to Monique, her presence was super important for me, she made me forget the hard times by her many nonsense. She also scared me a little when she stuck to the heater and it started to smell like grilled chicken ... After all, I deserved a good meal :-)

No kidding, it was really during this winter that I realized how much I love my hen!

I thought that I would eat hunting and fishing, the fishing did not work and neither did the hunting. I have never been able to bring myself to kill an animal and yet the opportunity has arisen several times. But as soon as he looked at me, I couldn't shoot anymore ...

Otherwise, I took advantage of each sunny day to climb summits and descend to ski to the boat, do kite surfing and windsurfing (without fins of course) on the ice, football but Monique preferred to stay in grandstands rather than kicking the ball… I also worked on my balance on the slackline when Monique was not perched on it. Above all, I spent dozens of hours admiring the endless sunsets and the aurora borealis which came to life in an unreal and joyful way!

In short, I was happy, at peace with nature, far from men and their problems, without any constraints except those imposed by the elements. It may be a bit early to say, but I think that experience has profoundly changed me. I was able to step back on a lot of things and also think about the following of the adventure. I promise to continue to make you travel with us for a long time!